Une semaine de congé. Aucune réservation.
Nous voilà partis sur les routes de la province pour vivre plusieurs micro aventures, ralentir le rythme en contemplant quelques paysages et surtout être dehors pour reconnecter avec la nature.
On passera alors du temps dans Charlevoix, ma région favorite du Québec lorsqu’il s’agit de s’échapper dans les montagnes. Sans oublier le fleuve, colonne vertébrale de la province, que l’on va remonter jusqu’en Basse Côte-Nord avec le souffle des baleines comme bande sonore, et un court détour par le majestueux fjord du Saguenay.
Bivouacs dans Charlevoix
Pour camper en pleine nature, en piquant sa tente sur un sommet arrondi, pas besoin de réservation. Après une courte randonnée, on s’installe ainsi pour une nuit sur le sommet du mont du Lac à l’Écluse, dans la Zec des Martres, juste en face du lac qui se dessine dans une perpective centrale au milieu de la forêt boréale et quelques falaises. Le cadre est absolument splendide.
Le ciel est gris toutefois, sombre même. Et ce qui devait arriver arriva, la pluie nous surprend. S’abritant sous une grosse roche, on patiente jusqu’à ce que quelques pointes de clarté percent le ciel pour dorer cette averse éphémère.
Plus tard, alors que l’on fait chauffer l’eau pour nos repas lyophilisés, le ciel s’embrase. Littéralement. Tout ce qui était gris dans le ciel devient rouge. Un éclat hyper saturé presque irréel. Quelques sommets alentours se coiffent même d’un dôme de lueurs orangées. Et une fraction de seconde plus tard, tout s’éteint.
Le lendemain à l’aube, c’est la quiétude qui domine. Il est tôt, très tôt même. De la fine brume flotte au dessus du lac, le soleil vient tranquillement colorer le ciel de douces tonalités. Le silence règne, seuls l’écho lointain du chant des huards vient ponctuer ce moment tout en contemplation.
La brume continue longuement sa danse avec les monts alentours, tandis que les sommets gagnent lentement en luminosité. Le temps semble inexistant, mais le jour s’installe. Le soleil vient littéralement tout réchauffer à mesure qu’il grimpe dans le ciel, inondant de ses rayons ce territoire sauvage.
Plus tard durant le roadtrip, on retrouve la Zec des Martres, cette fois-ci pour camper sur le sommet du mont du Lac à l’Empêche. Là où l’on avait déjà installé un bivouac deux étés plus tôt. Le vent est féroce, éreintant même, avec ses rafales violentes qui fouettent le visage. On hésite longuement avant de savoir si on redescend ou non pour la nuit. Surtout qu’une nouvelle fois, le ciel invite la grisaille en fin de journée. L’heure dorée est drastiquement raccourcie, le soleil perce les nuages quelques instants seulement, et l’obscurité gagne rapidement la bataille. Heureusement, avec le crépuscule le vent s’assagit un peu. Mais la nuit reste mouvementée.
Au réveil, alors que le soleil sort de l’horizon, les montagnes commencent à se dorer d’une douce lueur. C’est toujours fascinant d’observer un paysage s’éclaircir, de contempler les ombres disparaître petit à petit sur les flancs des monts. Et toujours le même constat après tant de levers de soleil en montagne : être ainsi, seuls au milieu de cet arrière-pays, même si la nuit a été courte, nourrit pleinement l’âme. Comme si on ne pouvait pas être plus connectés qu’en cet instant, à contempler la simple beauté d’un jour qui se lève…
Lors de ce passage dans Charlevoix, on en profite également pour passer du temps dans ses deux parcs nationaux. Au parc national des Grands-Jardins, où l’on a pu observer quelques orignaux, en plus de randonner au coeur d’une flore nordique. Et au parc national des Hautes-Gorges de la Rivière Malbaie pour une sortie en kayak dans cette vallée glaciaire impressionnante. Autant de moments en nature, souvent simples mais toujours enrichissants.
Charlevoix, c’est aussi le fleuve, ses petits villages pour ralentir le rythme. Surtout Port-au-Persil, un incontournable. Cette fois-ci lors de deux passages, on a pu y observer des cétacés depuis la rive. Des bélugas, et même des rorquals d’assez proche.
Toutefois, c’est sur la plage de l’Anse au Sable, à Baie des Rochers, que l’on a pu observer et entendre le souffle de nombreuses baleines. Cette fois-ci, c’est sur le sable que l’on pique notre tente pour la nuit. Face au fleuve, dans un concerto de faune aviaire, quelque part entre la cacophonie et la berceuse.
Ici, toute la grâce vient de la présence des baleines. C’est absolument impressionnant d’être les voisins de ces cétacés pour la nuit, d’autant qu’une fois le crépuscule tombé, on devine dans l’obscurité le spectacle qu’elles offrent avec sauts et sorties fréquentes. Leurs souffles qui résonnent dans la nuit accompagnent alors notre sommeil.
Au réveil, les baleines sont plus timides. Mais c’est là que j’ai pu en photographier une d’assez proche. Dès que le soleil sort, les cormorans ouvrent leurs ailes pour les sécher et le concerto reprend de plus belle. Dans le ciel au dessus du fleuve, c’est un aplat tantôt magenta, tantôt orange. Tout s’inonde de chaleur : les îles au loin, les flancs de la rive Nord et l’anse elle même. Il y a moins de matière qu’en montagne, mais la quiétude est autant au rendez-vous, avec l’air iodé toujours ressourçant.
Avant de partir camper sur un site non-désigné en pleine nature, je vous encourage à vous informer sur les principes du Sans Trace. Vous pouvez d’ailleurs consulter le guide que j’ai réalisé pour apprendre les bons gestes à appliquer en bivouac :
Camper sans impact sur les sommets du Québec
Le fleuve, le fjord et les baleines
Si l’on décide de remonter vers la Basse Côte Nord, précisément au site Mer et Monde, c’est justement pour poursuivre la rencontre avec les baleines du Saint-Laurent. On opte pour une sortie guidée en kayak à l’aube pour avoir la chance d’en observer d’avantage. Malheureusement, on en voit peu, seuls quelques rorquals communs et quelques marsouins, et d’assez loin. Par contre, la lumière matinale sur le fleuve est magnifique.
Toutefois, depuis la rive sur laquelle on reste assis des heures durant le reste de la journée, armés de nos jumelles, on observe plusieurs cétacés, dont des baleines à bosse qui en plongeant laissent sortir leur queue au dessus de la surface. Des observations vraiment fascinantes.
On reprend la route, cette fois-ci dans l’espoir d’observer des bélugas depuis les rives de l’anse Sainte-Catherine au parc national du Fjord du Saguenay, mais aucun spécimen ne se montre. On retrouve alors les paysages escarpés qui jouxtent la rivière Saguenay, sous un ciel de plus en plus sombre. Puis sous les averses de pluie.
De l’autre côté, on profite d’une accalmie pour randonner sur une section du sentier des Caps. Ici, c’est la brume qui se donne en spectacle en laissant entrevoir les falaises entre ses volutes. Au point de vue du Géant, les nuages légers montent par vagues depuis l’anse jusqu’aux falaises du cap pour créer des ambiances lugubres autour de ce paysage iconique de la région. Malheureusement, la pluie ne cessera plus lors de ce court passage au parc national du Fjord du Saguenay.
Qu’importe. Chacune des journées de ce roadtrip spontané a pu remplir l’objectif principal fixé au départ : profiter de la belle nature que le Québec peut offrir. Même si elle n’est plus dépaysante, même si elle n’est pas manifestement grandiose, elle apporte certainement l’essentiel.