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Camper sans impact sur les sommets du Québec

Dormir au sommet d’une montagne fait partie de ces tendances qui gagnent en popularité chez les amateurs de plein-air. Ce genre d’aventures est parfait pour contempler longuement les paysages et se connecter pleinement avec la nature en profitant de solitude. Je cherche personnellement de plus en plus à vivre ce genre d’expériences.
Toutefois, cette pratique nécessite de suivre quelques règles. L’objectif : minimiser l’impact de notre présence sur les sommets, d’autant plus sur nos petites montagnes au Québec. Ici, la majorité des sommets où il est possible de camper de manière sauvage – comprendre sur un emplacement non-désigné – est située dans des zones alpines, où la flore est extrêmement fragile.

Voici donc un guide en 4 chapitres pour camper sans incidence néfaste.


I. Le bon endroit

Avant de se lancer tête baissée dans une randonnée avec sa tente sur le dos, il convient de se renseigner sur la possibilité légale ou non de camper sur un site non désigné.
Ce n’est pas parce que vous avez vu des gens le faire, ou aperçu des photos de tente sur tel sommet sur les réseaux sociaux que cela implique que c’est permis. Il faut toujours vérifier par soi-même.
La clef pour trouver où cela est possible, c’est la recherche auprès de sources fiables, en donc en premier lieu auprès de l’institution qui gère le sentier.
Bien souvent en cas d’interdiction, il y aura un symbole ou une mention sur la signalétique au départ du sentier.
Bon à savoir. Dans l’ensemble des parc nationaux du Québec, il est formellement interdit de s’installer en dehors de sites désignés. Par contre, le Québec regorge de terres publiques où il est possible de camper, parfois gratuitement, parfois avec un frais d’accès comme dans des ZEC. 

    


II. S’installer sur une surface durable

Quand vient le moment de choisir où planter ses piquets de tente, il ne faut pas seulement prendre en compte l’aspect photogénique de l’emplacement pour pouvoir revenir avec des images spectaculaires.
En fait ce critère vient en dernier, après ces points essentiels pour préserver les sols et la flore de notre présence :
– Privilégiez les dalles rocheuses, le gravier, l’herbe sèche et la neige.
En aucun cas, s’installer sur la flore est une bonne idée. Le lichen ou la mousse que l’on retrouve sur les plateaux alpins du Québec poussent de quelques millimètres par année, en posant sa toile de sol et en marchant dessus on anéantit donc des décennies de croissance, mettant en péril tout un écosystème. Pensez-y lors de votre prochaine escapade au Mont des Morios.
– Protégez les espaces près des cours d’eau. Campez à plus de 70 mètres des lacs et des rivières.
L’eau est essentielle pour les animaux, et en s’en éloignant on évite de les déranger s’ils choisissent de venir s’y abreuver. Aussi, le sol près des points d’eau est plus sensible à l’érosion, en évitant ces zones on évite leur dégradation. 
– Veillez à ne pas étendre votre campement. Concentrez votre activité là où la végétation est absente.
Aussi, il ne faut en aucun cas s’installer dans un passage pour d’autres randonneurs, votre présence dans un tel endroit les forcera à sortir des sentiers et donc à l’élargir en piétinant la flore. Il est également recommandé de s’éloigner des sentiers pour ne pas être visible par d’autres personnes, de s’installer une fois tard dans la journée et de quitter tôt le lendemain.
– Évitez les endroits ayant subi un impact récent afin de permettre au milieu de se régénérer.
Sur ce point, si une randonnée est populaire, le mieux est d’en trouver une autre. Fort est à parier que la nature n’a pas besoin de plus d’impact si des campeurs s’y installent trop fréquemment.
Il convient également de rester discret en ne divulguant pas les lieux de nos aventures, notamment par la géolocalisation sur les réseaux sociaux. Cela permet d’éviter que certains sommets deviennent justement trop populaire, rendant impossible toute régénération des sols.

   


III. Feux de camps

Pour certains, il est impensable de camper sans faire un feu. Pourtant, en campant sur un site non désigné la question se doit d’être posée. Il faut d’abord se renseigner sur la possibilité de faire un feu de camp à ciel ouvert, tout en portant attention aux interdictions temporaires du SOPFEU.
S’il est possible d’en faire un, la question se pose toujours, puisqu’un feu à forcement un impact qui est évitable. Pour l’éviter il convient de pouvoir cuisiner sans feu, en apportant un brûleur et du gaz pour préparer ses repas. Il convient de s’équiper convenablement pour pouvoir s’éclairer et ne pas subir le froid qui sévit en altitude.
Si vous devez absolument faire un feu, il y a quelques règles à suivre.
– Faites un feu le plus petit possible, en n’utilisant que de petits branchages morts et secs qui se brisent facilement à la main.
– Utilisez un emplacement qui a déjà servi à faire un feu. Mieux, utilisez une vasque. Grâce à elle, vous pourrez faire un petit feu, sans laisser de trace de brûlures au sol.
– Au moment de quitter les lieux ou de vous endormir, attendez que le feu soit totalement éteint et que les braises aient consumé l’entièreté de ce qui pouvait être brûlé. Vous ne voudriez pas devenir la personne qui a déclenché un feu de forêt.

   


IV. Gestion des déchets

L’idée principale c’est de rapporter ce que vous avez apporté, voire même de rapporter aussi ce que d’autres auraient laissé avant vous. Mais voici aussi d’autres point pour bien gérer ses déchets en randonnée.
– Avant de partir, pensez à préparer votre sac pour éviter de créer des déchets sur place.
Quelques conseils en vrac : Emportez un sac plastique résistant qui vous servira pour entreposer vos déchets. Réduisez l’emballage de vos provisions, comme par exemple en choisissant de mettre ses collations directement dans un sac réutilisable ; et préparez d’avance vos repas, en coupant des légumes chez vous par exemple. Au moins on produit de déchet en montagne au moins on a de risque d’en oublier. Le sans trace commence donc à la maison.
– Avant de les rapporter, il faut entreposer vos déchets convenablement pour la nuit.
La faune est active lors que vous serez bien au chaud dans votre sac de couchage, autant les petits rongeurs que les plus gros mammifères. Bien qu’il y ait des ours dans les montagnes québécoises, vous aurez plus de chance de faire face à des tamias téméraires.
Il faut bien sur évitez de placer votre sac poubelle ainsi que toute nourriture dans la tente avec vous. Mieux, il est suggéré de les placer a un minimum de 30 m du campement. À l’aide d’une corde, il faut attacher son sac poubelle le plus haut possible entre deux arbres. Vous êtes alors certains de ne pas trouver votre sac éventré le lendemain matin.
– Savoir faire ses besoins en pleine nature.
L’urine a peu d’effet sur la végétation ou le sol. Il est toutefois préférable d’uriner sur des roches, sur des aiguilles de pin ou sur du gravier pour éviter d’attirer les animaux. Le mieux est aussi d’éviter de revenir aux même endroits. Vous pouvez aussi diluer l’urine en versant un peu d’eau pour minimiser les impacts négatifs sur l’environnement. 
Pour les excréments humains solides, il faut creuser. Un trou profond de 15 à 20 cm à plus de 70 mètres de tout campement, sentier ou source d’eau. Un trou pour un seul besoin afin d’éviter l’accumulation. Camouflez l’endroit après avoir remblayé le trou. 
– Rapportez tout ce que vous apportez.
Le point central du Sans Trace : ne rien laisser derrière soit. Il convient avant de quitter les lieux de faire une inspection afin de ne laisser aucun déchet ou résidu de nourriture, même s’ils ont été laissés par des prédécesseurs. Cela inclus aussi les papiers hygiéniques qu’il ne faut donc pas enterrer ou brûler.
Vous pouvez aussi naturaliser l’espace de votre campement en effaçant vos traces afin de permettre à la végétation de se régénérer, mais aussi pour éviter que d’autres randonneurs trouvent votre espace de campement, qu’ils l’utilisent et l’endommagent davantage. 

  

Pour finir, éduquez vos proches qui partent camper sur des sommets, partagez ces principes qui sont assez simples à mettre en place une fois que l’on a en pris connaissance. La lacune la plus importante est le manque de connaissance. 
Ces territoires appartiennent à l’ensemble de la population, et c’est ensemble qu’il convient de les préserver.