Randonner aux premières ou dernières heures du jour est de plus en plus populaire chez les amateurs de plein-air. Que ce soit pour faire de belles images avec une douce lumière, pour avoir plus de tranquillité – quoique de moins en moins vue la popularité du phénomène, ou tout simplement pour accommoder son emploi du temps, ce type de randonnée nécessite d’avantage de préparation et d’équipement – et encore plus en hiver.
La réussite d’une telle sortie repose sur un principe de base du Sans Trace : s’informer.
Voici donc quelques conseils pour réunir les bonnes informations afin de réussir sa randonnée hivernale au lever ou coucher du soleil…
Partir au bon moment et gérer son rythme
Le premier objectif est d’en apprendre le plus possible sur le sentier: les conditions du sentier, la météo, l’heure du lever ou coucher du soleil, etc. afin de planifier adéquatement sa sortie en nature. Et pour réunir cette mine d’informations, il faut se tourner vers des sources officielles. Les groupes de partage entre randonneurs sur les réseaux sociaux peuvent complémenter l’information mais pas en être la base.
Il convient aussi de se connaître: son allure en raquette dans la neige, sa tolérance au froid, son niveau d’énergie, ses compétences à lire une carte, etc. Et dans ce cas, c’est l’expérience qui permet de savoir où on se situe. Alors avant d’entreprendre une sortie à l’aube ou au crépuscule, il est nécessaire de se pratiquer souvent en plein jour.
D’ailleurs, pour une première expérience de randonnée au coucher de soleil, l’idéal est de connaitre le sentier, de l’avoir déjà emprunté en journée afin d’avoir une idée précise sur le temps nécessaire pour atteindre le point de vue, et pour avoir suffisamment de repères pour ne pas se perdre en chemin à la noirceur.
Le point le plus important de la préparation d’une telle randonnée est de savoir quand commencer, et ainsi éviter de s’exposer le plus possible au danger du froid.
Commencez trop tôt, vous devrez attendre longtemps immobile avec le risque de rapidement finir gelé. Les engelures n’arrivent pas seulement aux alpinistes.
Commencez trop tard, vous risquez de marcher à un rythme trop rapide pour combler le retard, et donc de générer beaucoup plus de transpiration. Mal gérer cet excédant d’humidité sur le corps pourrait mener à l’hypothermie.
Mon conseil est de prévoir une arrivée au sommet 45 minutes avant l’heure de coucher de soleil, cela peut être un peu plus si les températures annoncées sont peu sous le zéro degré, ou moins un peu moins si vous ne faites pas de photographie. Prévoir 15 minutes avant le lever du soleil est largement suffisant.
Je recommande également de choisir une randonnée qui ne nécessite pas plus de 1h30 de marche dans la noirceur, donc selon votre rythme et la technicité du sentier, entre 4 et 7 km du sommet au stationnement.
Surtout, il est très important de suivre avec attention sa progression durant la randonnée. Si on remarque que l’on progresse plus vite que prévu, il suffit alors de ralentir de rythme. On reste ainsi en mouvement plus longtemps, pour continuer de profiter de la chaleur générée par la marche, tout en restant dans le boisé, et donc à l’abris du vent.
Il m’est déjà arrivé d’atteindre un sommet plus d’une heure avant l’heure du coucher de soleil avec une température largement sous zéro. Et puisque les conditions étaient propices à un beau coucher de soleil et mon niveau d’énergie assez haut, je suis tout simplement redescendu sur environ 1 km pour ensuite remonter la dernière section au moment opportun.
S’équiper adéquatement
Quel que soit le moment de la journée, en hiver, le sac à dos est toujours plus rempli qu’aux autres saisons. Et avant de faire de la place pour de l’équipement photo, il faut en faire pour emporter des essentiels dont pourrait dépendre votre vie ou votre santé.
Un drone lui, ne vous sera d’aucune utilité en cas d’hypothermie ou si vous êtes perdu en forêt…
La lampe frontale est un essentiel de base pour tout randonneur. Puisqu’une grande part de la randonnée se fera à la noirceur, il convient donc d’en avoir deux dans le sac à dos, ainsi que des batteries de rechange. Le froid peut accélérer considérablement le déchargement des batteries.
J’ai personnellement deux lampes frontales en tout temps dans mon sac à dos. Le modèle Petzl Actik Core avec sa batterie rechargeable est parfait pour ce genre d’aventure.
Aussi, en aucun cas il ne faut considérer la fonction lampe torche de son téléphone cellulaire comme une source fiable de lumière.
Les vêtements de rechange et les couches supplémentaires sont également importants. Il faut impérativement emporter une couche isolante à porter une fois le sommet atteint que l’on va garder pendant le temps d’attente. La micro doudoune en duvet est idéale puisque très compacte tout en gardant bien la chaleur.
Bas de rechange, tuques, mitaines et cache-cou à prendre en extra! On est susceptible de perdre ou mouiller ces accessoires. En porter des secs peut vous éviter l’hypothermie.
Comme pour toute randonnée hivernale, il va sans dire qu’il faut porter des vêtements techniques, respirants et isolants, dans des matières comme le mérinos, et utiliser le système du multi-couches, pour éviter que l’humidité ne s’accumule sur vos vêtements.
Niveau nourriture et boisson, j’emporte toujours un thermos avec une boisson chaude à siroter au sommet pour se réchauffer pendant la contemplation des belles lumières. Et beaucoup de barres ou autres collations. D’ailleurs, portez-les dans vos poches proche du corps plutôt que dans le sac à dos, elles ne seront alors pas durcies par le froid.
En hiver, on a tendance à avoir moins la sensation de soif, mais il est important de boire et d’avoir suffisamment d’eau pour s’hydrater en fonction de la longueur du sentier, et de transporter votre eau dans des contenants qui vont éviter son gel.
Avoir une carte du territoire est aussi primordiale. Et si vous utilisez des applications comme Alltrails pour suivre votre progression – en plus de prendre des photos et vidéo avec votre téléphone – , emporter un chargeur externe pour alimenter votre batterie est vivement recommandé.
D’expérience, cela peut vite virer au cauchemar de se reposer uniquement sur son téléphone… Lors d’une randonnée pour un beau coucher de soleil au parc régional des Appalaches, le sentier était de moins en moins évident à suivre dans la poudreuse et la noirceur. Puis plus loin, impossible de trouver les balises sur les arbres alentour. Un peu de panique s’installe, on rebrousse chemin pour retrouver la dernière balise, mais le constat est clair : impossible de trouver la suite du tracé. Je sors alors mon téléphone, avec très peu de batterie, mais suffisamment pour me permettre de consulter mon application et trouver une solution afin de rejoindre le sentier en coupant dans le bois grâce à la localisation GPS. Avec un batterie à plat et sans chargeur, cela aurait pu finir bien plus tragiquement…
En plus d’une trousse de soin et d’une couverture de survie, j’emporte également un siège de camping léger de type Z-Seat de Thermarest, qui permet d’offrir un barrière supplémentaire du froid en cas de besoin.
Les chauffes-mains sont aussi très pratiques, surtout pour les photographes qui doivent parfois exposer leurs doigts au froid pour manipuler les caméras. On peut en avoir plusieurs dans le sac à dos.
Un troisième accessoire que j’emporte systématiquement: des lunettes de ski. Je les porte en cas de rafales de vent intenses au sommet.
Quant à l’éternel débat, raquettes ou crampons, il ne se règle pas sur les réseaux sociaux. Par expérience, on emporte les deux, en plus de bâtons de marche. On peut aussi s’informer auprès du personnel du territoire que l’on visite si on ne souhaite pas s’aventurer sur les sentiers avec les deux options.
En règle général, sur une randonnée très populaire et sans récentes bordée, les crampons seront suffisants. Mais attention, certaines sections peuvent comporter des congères formées par les rafales de vent, où les raquettes pourraient être utiles surtout en s’aventurant en altitude pour un lever de soleil.
Aussi, marcher sans raquettes dans certains sentiers qui en nécessitent pourtant peut mener plus rapidement à des blessures. Vous pourriez vous blesser, et les marcheurs suivants aussi à cause des trous que vous aurez causés en enfonçant la neige sans paire de raquettes. Se tordre une cheville en hiver est vraiment plus dangereux puisque l’on devra attendre les secours dans le froid.
La sécurité avant tout
Un peu de lecture avant d’entreprendre des randonnées en hiver est toujours bienvenue. Je recommande notamment de s’informer sur les effets du froid, ce qu’est l’hypothermie. Vous pourrez ainsi reconnaitre les signes sur vous ou vos partenaires de randonnée.
Il est extrêmement important de prévenir quelqu’un de votre sortie en nature. Une blessure est rapidement arrivée en hiver sur les terrains glissants, se perdre à la noirceur n’est pas impossible. Cette personne peut être celle qui saura appelez les secours pour vous en cas de pépin, d’autant que certains territoires ne possèdent pas de couverture cellulaire.
Idéalement, ce n’est pas le genre de randonnée que l’on fait seul. À deux, ou plus, on peut se réchauffer bien plus rapidement et on peut réunir plus d’informations ou corriger le tir en cas d’erreur.
Il est donc impératif de ne jamais se séparer. Si une personne souhaite redescendre à cause du froid, tout le monde redescend ensemble.
En partant en randonnée pour capturer des images ou créer du contenu, on a vite tendance à faire passer cet objectif avant tout. Pourtant, le conseil numéro un est de savoir s’écouter.
Si le froid nous gagne, cela ne sert a rien de s’entêter pour quelques images. Notre instinct nous montre souvent la voie de la meilleure option, alors n’hésitez pas à faire demi-tour si vous avez froid ou à repousser la sortie si les conditions météorologiques sont féroces.
Soyez prudents, limitez vos impacts, et surtout profitez de la splendeur des paysages!